Les Fascias

Le Congrès International de Recherche des Fascias a défini en 2012 les fascias (appelés également tissus conjonctifs ou encore connectifs) comme les « tissus formés de collagène fibreux qui font partie d’un système de transmission des tensions dans l’ensemble du corps ».
Ils sont considérés comme un système de transmission des tensions qui adapte l’agencement de ses fibres et sa densité selon la demande locale de tension. Cette terminologie correspond bien à la racine latine du terme « fascia » (paquet, sangle, bandage, liant ensemble).
Les fascias sont formés de couches de tissus blancs (car ils ne contiennent presque pas de vaisseaux sanguins), des fois minces comme un rasoir, des fois d’une épaisseur de plusieurs millimètres.
Ils sont constitués d’épais faisceaux de fibres de collagène entre lesquels se trouvent des faisceaux plus minces en élastine ainsi que diverses cellules, de terminaisons nerveuses et de récepteurs. Les faisceaux sont entourés d’eau. Cette humidité est un lubrifiant important dans notre corps qui assure la souplesse. Comme celle des muscles par exemple.
Tous les muscles sont entourés de fascias qui permettent un glissement en toute souplesse entre les uns et les autres quand nous bougeons. A l’intérieur des muscles, chaque fibre musculaire est également entourée de tissus conjonctifs. En moyenne nos tissus conjonctifs représentent 18 à 23 kg de notre poids corporel.
Fascias et mobilité
Les fascias sont impliqués dans le moindre petit mouvement musculaire du corps. Les tissus conjonctifs soutiennent les muscles et assurent qu’ils restent en place. Ainsi ils stabilisent l’ensemble du corps. Car, comme dans un filet étroitement tissé les fibres des tissus conjonctifs vont dans tous les sens et maintiennent ainsi l’ensemble. Les fascias enveloppent également les organes et les maintiennent en place, comme par exemple le cœur. Les ligaments et les tendons qui relient les muscles et les os, sont également composés de tissus conjonctifs. La différence est qu’ici les faisceaux épais de fibres de collagène vont dans un même sens – comme dans une corde – permettant ainsi une grande résistance à des tractions fortes dans un seul sens.
Mais le soutien et la force ne sont pas la seule fonction des fascias. Ils travaillent également pendant que nous ne bougeons pas car les tissus conjonctifs transportent des produits résiduaires. Au sein des tissus, elles migrent dans les canaux lymphatiques qui traversent l’ensemble du corps et sont ainsi évacués. Des cellules immunitaires y sont aussi en action. Elles « mangent » des débris cellulaires ou des bactéries. Pour notre système immunitaire les tissus conjonctifs sont donc cruciaux. Nous restons en forme grâce à eux.
Fascias d’un enfant de six ans (à gauche) et d’une personne de 90 ans (à droite)
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Les fascias nous permettent également de percevoir notre posture comme par exemple le niveau de cambrure de notre colonne vertébrale. Les récepteurs dans les bandes de tissus conjonctifs qui se trouvent entre les vertèbres mesurent l’étirement des tissus. Sur les tendons et muscles se trouvent des récepteurs similaires qui nous aident à percevoir notre position ainsi que notre manière de nous déplacer (ensemble avec le sens visuel et l’organe de l’équilibre dans l’oreille). Nous pouvons ainsi percevoir et mouvoir notre corps au repos ou en mouvement. Les fascias sont donc probablement notre plus gros organe sensoriel.
Les fascias ont une autre propriété importante sans laquelle les humains et les animaux ne pourraient se déplacer. La vitesse et la capacité de sauter sont obtenues grâce aux tendons et ligaments élastiques en tissus conjonctifs. Les tendons sont mis en tension avec la force musculaire. Cette tension est ensuite transformée en force de rebond. Pendant le jogging, par exemple, le tendon d’Achille se tend et emmagasine de l’énergie qui est redistribué lors du relâchement. Il y a besoin de peu d’énergie.
Il a pu être démontré que les fascias ont un « strain hardening ». Ça veut dire que quand on les étend leur teneur en eau est tout d’abord réduite mais après le relâchement ils se remplissent à nouveau avec de l’eau. Au finale leur teneur en eau est plus élevée qu’auparavant. Cet effet peut par exemple être obtenu par des gestes de massage lents et profonds. De manière générale, la teneur en eau permet une conclusion sur l’élasticité des fascias. Un nouveau-né a environ 80% d’eau dans le corps dont la majorité se trouve captées dans les tissus conjonctifs. Les nouveau-nés ont aussi une très bonne élasticité. Une personne âgée par contre n’a plus que 50% d’eau dans son corps, leurs tissus sont beaucoup moins élastiques. Les chercheurs ont conclu que des fascias bien étendus avait une teneur en eau plus élevée et donnait ainsi une meilleure mobilité.
Chez des personnes âgées, les fascias s’emmêlent, surtout quand ils ne bougent plus beaucoup
Dans un corps sain les tissus conjonctifs sont soumis à un procès perpétuel de formation et de diminution. Une particularité de ces tissus est leur adaptabilité. En cas d’étirements et de mouvements récurrents, les tissus modifient leur longueur, puissance et leur capacité de glissement. Dans ce cas, les myofibroblastes dans les tissus augmentent la quantité de collagène ou la diminuent en cas de manque de mouvement. Ainsi, en marchant quotidiennement les fascias de la cuisse se durcissent de manière perceptible latéralement. Si on devait par contre se déplacer à cheval régulièrement, ce seront les fascias de l’intérieur de la cuisse qui seront renforcés.
Que ce soit dans le mouvement, le métabolisme ou la proprioception, le réseau des fascias joue un rôle essentiel dans l’interaction réussie de toutes les structures de notre corps.
Certaines des connaissances accumulées ces dernières années sur le tissu conjonctif jettent par-dessus bord d’anciens concepts ou déclenchent même parfois un changement de paradigme : les courbatures, par exemple, ne proviennent pas des tissus musculaires, mais principalement des fascias qui tapisse l’enveloppe musculaire. Dans de nombreux cas, les maux de dos ne sont pas causés par des dommages aux disques vertébraux ou intervertébraux, mais dans les fascias, les blessures sportives ne sont pour la plupart pas des problèmes musculaires, mais des blessures aux fascias. Tous les mouvements du corps sont déterminés par les capteurs des fascias : s’ils ne fonctionnent plus, l’être humain ne peut plus contrôler ses mouvements.
Le lien entre fascias et douleurs
Des chercheurs à l’université de Ulm en Allemagne ont prouvés que des stimuli mécaniques (comme par exemple des mouvements unilatéraux ou un manque de mouvement) ainsi que des stimuli chimiques (répondus par le système nerveux en cas de stress, dépressions ou manque de sommeil par exemple) peuvent provoquer une prolifération des fibres de collagène ou un changement dans la teneur en eau. Les fascias épaississent et s’emmêlent comme par exemple après une immobilisation par plâtre. De tels changements peuvent provoquer des douleurs et des rigidités dans les mouvements.

Fascias avant (A) et après 6 semaines de plâtre (B) [2]
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Ces douleurs peuvent être particulièrement forts quand les fascias sont si endurcis et épaissis qu’ils brident un nerf. Il est parfois nécessaire de recourir à la chirurgie pour enlever ces tissus afin de libérer le nerf.
Les fascias ont une autre manière de réagir au stress. Ils se contractent et ce indépendamment à la contraction musculaire.
Des chercheurs spécialisés en tissus à l’université de Heidelberg ont pu démontrer qu’à l’intérieur des fascias se trouvaient de fines terminaisons nerveuses qui s’étendent dans le tissu comme des branches d’un arbre. Ces terminaisons nerveuses transmettent la douleur.
Terminaisons nerveuses à l’intérieur de fascias
Des petites fissures ou plaies ainsi que des tissus conjonctifs endurcis et emmêlés pourraient être le vrai déclencheur de douleurs. Les fascias déréglés enverraient des signaux erronés aux muscles qui se contracteraient et ne travailleraient plus correctement. Il a pu être démontré que les fascias endommagés déversaient des substances inflammatoires. Il est possible que ces infections soient la cause de maux de dos persistants ou même chroniques. C’est une nouvelle vision de la douleur, qui est actuellement discuté par des chercheurs dans le monde entier.
Le massage atteint les fascias ; surtout avec des gestes lents qui visent directement les tissus conjonctifs. On sent directement un changement au toucher sous la main. Les tissus s’adoucissent et s’assouplissent et les sujets massés ressentent une amélioration voire une disparition des douleurs dans les zones massées.